Agression d’un arbitre : à méditer …
Publié le 09/11/2018
Le Berry Républicain du 08/11/18 (Bourges).
Un footballeur amateur de 26 ans a été condamné, hier, à 120 jours-amendes à cinq euros pour des violences à l’encontre d’un arbitre.
Il devra aussi régler deux fortes amendes : 400 euros à sa victime, au titre du préjudice moral, et 150 euros à l’Union nationale des arbitres de football (UNAF), partie civile. Sans oublier 500 euros de frais d’avocat.
C’était jour de derby, le 11 mars dernier, à Savigny-en-Sancerre, non loin du Loiret. La réserve des locaux recevait Vailly-sur-Sauldre, en 4e division départementale. Dix bornes séparent les deux villages. À trois buts partout, c’était chaud en fin de match.
Marc, le prévenu, jouait pour Vailly. À la barre, ce jeune homme pour qui le foot, « c’est une passion », est accusé d’avoir brutalisé l’arbitre : jet d’une bouteille d’eau (heureusement en plastique), prise à la gorge et plusieurs coups de poing.
L’homme en noir, présent à l’audience, avait sifflé une faute à Marc. Qui s’était beaucoup emporté. Sa victime s’en est tirée avec une contusion près d’un œil et des douleurs à une hanche.
Grand, très mince, Marc se remet dans le match. « Y’a eu trois, quatre, même cinq fautes pas sifflées, raconte-t-il. Un mauvais arbitrage, alors je commence à gueuler, forcément ! Entre nous (les joueurs NDLR), ça se passait plutôt bien. Et donc comme je gueule, ben il me met un carton (pour sortir Marc du terrain NDLR)… »
Marc reconnaît donc avoir « gueulé », « et puis aussi la bouteille d’eau, ça j’assume ». Mais les coups ? « Pas question ! Je l’ai poussé, oui, avec la main ouverte. Je connais la musique. Des bagarres, j’en ai eu d’autres… »
Au nom de l’arbitre malmené, Me Stéphanie Jamet évoque « une fin de partie pleine de passion, sans plus aucun respect de l’autorité ». « Pour mon client aussi, le football est une passion, plaide-t-elle sur le ton de l’évidence. À ce niveau, un arbitre perçoit 30 euros par match dirigé. Ce qui couvre à peine ses frais de déplacement ! » C’est dire s’il en faut, de la passion !
« Les insultes, mon client peut les admettre, poursuit l’avocate berruyère. La violence, c’est autre chose. Après cet épisode, il s’est vraiment demandé s’il allait continuer à arbitrer ». En l’écoutant, Marc, sur son banc, hoche la tête, l’air incrédule, comme accablé.
« L’arbitre ? C’est avant tout un bénévole à votre service », résume ensuite le substitut du procureur en s’adressant à lui. Sans arbitres, plus de matches, non ? »
Soulignant que le prévenu, déjà cinq fois condamné, notamment pour violence, était encore dans une période de mise à l’épreuve, il requiert 90 jours-amendes à 10 euros l’un. « Votre attitude aujourd’hui, même avec le recul, reste véhémente, reproche-t-il au jeune homme. C’est inquiétant. »
Marc est célibataire, sans enfant. Il est artisan, travaille en CDI. Il n’a rien d’une tête brûlée, hors du terrain. Il ne voit rien à ajouter.
Pour rappel, le joueur auteur des coups a, par ailleurs, été sanctionné de 5 ans de suspension par la Commission de Discipline du District du Cher de Football